Commençons par vous souhaiter de très bonnes fêtes de fin d’année depuis la Tunisie où nous profitons du soleil, même si la doudoune s’impose... En voilà un pays qui fait parler de lui depuis un an (depuis le 17 décembre 2011 exactement) ! A nous de découvrir et d’essayer de comprendre tous ces changements.
Les étapes en 2 mots :
quelques jours à Tunis pour les démarches administratives pour l’Algérie (pas simple, on vous assure !). Merci à Lise pour nous avoir mis à dispo son téléphone, un bout de son bureau et de nous avoir montré comment on passe un coup de fil efficace dans l’administration francaise ! Merci aussi à Julie pour nous avoir entrainé, motivé et beaucoup écouté durant nos soirées à Tunis.
de Tunis à El Jem : en vélo à travers la plaine bien plate où la culture de l’olivier domine, délimité par les barrières de cactus !
2 belles soirées en famille autour du canun, en mangeant nos premiers couscous épicés à la harissa.
1 semaine à El Jem, où bernadette nous a retrouvée. On joue les touristes entre les médinas, louages, restos, promenades à la plages et sur les îles, supervisés de loin par Ali, qui nous guide et nous conseille sur les itinéraires.
Et la Tunisie dans tout ça ? Les gens parlent de la révolution, du nouveau contexte politique, des problèmes sociaux, du touriste qui se fait rare et peureux, et la crise. Oh, la crise...mais ca vous connaissez, c’est mondialisé !
Voila ce qu’on retient pour le moment : des Tunisiens très préocupés par leur situation politique et peu curieux de nous rencontrer. Ils attendent de voir comment le gouvernement vas se mettre en place, et le "dégage", symbole de la révolution, qu’ils emploient avec beaucoup d’aisance peut ressortir à tout moment (si le gouvernement ne leur plait pas par exemple...). Nous pensons que les Tunisiens se sont retrouvés un peu perdus devant toutes ces têtes d’affiches lors des éléctions. Ils ont votés pour le principal parti opposant à Ben Ali, qui s’est formé avec des leaders emprisonnés sous l’ancien régime. Ils ont donc la tête dure apparement. Les gens racontent comment ça se passait, on entend un peu de tout mais en gros, dur dur de faire confiance à son voisin. C’est probablement pour ça qu’on les trouvent un peu froid.
Et la religion dont tout le monde parle alors ? Et bien Ben Ali n’a pas fermé de mosquées ou interdit le culte pendant son "règne", mais les comportements dans la mosquée étaient "fliqués" : pas de réunion apres la prière, pas de barbe, pas de burqa, entre autre. Du coup, la liberté d’expression, d’action, toute neuve, peut se traduire par une phase où les gens réagissent à l’excès. Les Tunisiens ont toujours privilégié l’éducation, nous avons vus plusieurs associations pour le droits des femmes. Alors anxieux ils le sont car ils ne savent pas où ils vont, mais ce n’est pas pour ça que l’islamisme est au pouvoir, ils veilleront au grain pour la grande majorité.
L’insécurité, les Tunisiens en parlent beaucoup, habitués à avoir de nombreux policiers dans les rues. Aujourd’hui, les voilà un peu perdus, alors ils se méfient, nous disent de faire attention. Après 18h les femmes sont à la maison en général, et ils évitent de circuler en voiture de nuit. Il ne se passe rien, mais c’est juste au cas où.
Quant aux touristes, l’une des principales ressources sur la côte, ils se font plus que rare. Voila les vendeurs de souvenirs qui depuis 1 an ouvrent leur boutiques pour discuter avec le voisins à attendre le client. Alors lorsqu’un petit touriste qui cherche à se ballader tranquille pointe le bout de son nez, les voila tous à lui sauter dessus et à lui raconter la messe. Dommage, les premiers touristes sont rarement les plus acheteurs mais c’est eux qui rentrent au pays et racontent leurs ressentis pour faire venir les autres.
Et les greves, ça y va : le gaz (1h30 à parcourir toute la ville en quète d’une bouteille pour nous préparer un bon repas), la levure, le sucre, les trains.... qui montrent que chacun veut tirer profit de la situation dans laquelle se trouve le pays.
Bref, pas facile cette période. Nous, on ouvre grand nos oreilles, on écoute un peu chacun qui veut parler (l’arabe c’est pas facile alors pour le moment ça limite mais inch allah on va apprendre doucement !). Les gens ont du mal à comprendre, à voir l’interêt de notre voyage. On ne sort pas des discussion avec les problèmes de visas pour les tunisiens qui veulent venir en France chercher un avenir meilleur car c’est bien connu, l’Europe c’est l’eldorado où l’argent coule à flots. "Et vous qu’est ce que vous faites ? Vous voyagez, mais ça sert à quoi ? C’est bien de faire du sport ! ça coûte combien ? Ah mais bravo c’est bien mais moi je ne pourrais jamais le faire car avec ma tête et les difficultés aux frontières"... Vive la liberté de circulation, on y est pas encore ça c’est sûr !
Régis et Pauline